La Controverse de Sion

par Douglas Reed

 

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Chapitre 15

 

Le Talmud et les ghettos

Peu importe ce qui est contesté, une chose est indiscutable : cette grande puissance doit reposer sur une Loi qui pendant dix-neuf siècles obtient l’obéissance d’un peuple dispersé sur toute la terre, alors que par un effort de volonté, il pourrait s’échapper de cette servitude. Le Talmud était (et est) une telle loi, et la seule dans son genre.

«Le Talmud était presque considéré comme l’autorité suprême par la majorité des juifs… Même la Bible fut reléguée à une place secondaire » (l’Encyclopaedia Juive). « La supériorité absolue du Talmud sur la Bible de Moïse doit être reconnue par tous » (les Archives israélites, citées par Mgr. Landrieux). « Les paroles des sages sont plus importantes que les paroles des Prophètes» (le Talmud, Traité de Berachot, i.4.).

La compilation du Talmud commença à Yavné, le rôle joué à Babylone par Ezéchiel et Esdras étant dévolu, dans cette nouvelle révision de la Loi, au rabbin connu sous le nom de Juda le Saint ou le Prince.

Ce fut de fait une addition massive aux « lois et jugements » du Deutéronome, du Lévitique et des Nombres. Toute les lois que « le centre » promulgua furent ajoutées à la Torah en tant que « Torah orale », étant d’égale origine divine. Puis, elles furent rédigées dans la Mishna. Encore plus tard (sous le prétexte souvent utilisé de« compléter » l’oeuvre), d’immenses archives de discussions et de jugements rabbiniques furent ajoutées dans la Gémara, mais comme la Gémara était le produit de deux communautés juives distinctes, celle de Jérusalem au Ve siècle et celle de Babylone au VIIe siècle, il y a deux Talmud, connus sous les qualificatifs de palestinien et de babylonien.

Le Talmud, qui donc fut produit sous l’ère chrétienne, est antichrétien. Il est censé provenir de la même source originelle que la Torah ; les prêtres scribes qui le compilèrent prétendirent une fois encore réviser ou développer, selon les pouvoirs conférés « oralement » sur le Mont Sinaï.

La copie de la Bible chrétienne que j’ai en ma possession déclare que « les églises de toutes confessions reçoivent et acceptent » l’Ancien Testament « comme étant délivré par l’inspiration de Dieu, par conséquent, il est à leurs yeux une loi ou un guide de foi et de pratique divin » - une décision qui remonte au Concile de Trente. Une question s’impose alors : en quoi l’inspiration du Talmud était-elle différente de

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celle de la Torah? Si elle n’était pas différente, alors pourquoi ne pas ajouter le Talmud anti-chrétien à la Bible chrétienne?

Si cela était fait, l’oeuvre entière s’étendrait sur plusieurs étagères d’une bibliothèque, et le Nouveau Testament serait un minuscule pamphlet, excommunié et perdu au milieu de la masse talmudique, dont l’enseignement est résumé ainsi par l’érudit talmudique Drach:

«Les préceptes de justice, d’égalité, de charité envers son prochain, non seulement sont inapplicables au chrétien, mais constituent un crime pour quiconque agirait différemment… Le Talmud interdit expressément à quiconque de sauver un non-juif de la mort… de lui restituer des biens perdus etc., d’avoir pitié de lui».

La décision théologique concernant « l’autorité divine égale » de la Torah semble avoir introduit un élément de confusion dans la leçon chrétienne, confusion dont le christianisme lui-même pourrait au bout du compte ne pas se remettre.

Les préceptes talmudiques cités à l’instant ne sont pas forcément différents dans leur nature de ceux inclus dans le Deutéronome quand cette «seconde Loi» fut rendue publique mille ans avant que le Talmud palestinien ne soit achevé ; on leur a seulement conféré une application tout spécialement anti-chrétienne.

Pourquoi le Talmud était-il autant nécessaire ? Les raisons semblent évidentes. Les Judéens avaient finalement été dispersés de par le monde, en tout cas jusqu’au moment où ces « exilés » seraient « rassemblés et ramenés », et se réuniraient à nouveau autour du Temple. Le monde dans lequel ils étaient dispersés contenait un nouvel « ennemi », sous la forme d’une religion qui était née avec la déclaration même que le pharisaïme était une hérésie : « Malheur à vous, scribes et pharisiens, hypocrites! ». De plus, grâce à la traduction, la Loi judaïque s’était fait connaître du monde païen, qui avait même pu y trouver quelques éléments qu’il pourrait utiliser. Donc, le peuple spécial, s’il devait rester à l’écart, avait besoin d’une nouvelle Loi qui lui fût propre, loin du regard des gentils. La Torah avait besoin d’une « clôture » autour d’elle-même, assez solide pour préserver les exilés à la fois de l’absorption par les autres peuples, et aussi de « la prostitution auprès d’autres dieux ».

Le Talmud fut essentiellement la réponse hostile au christianisme, la bataille en règle revue à la lumière des nouvelles dispositions de « l’ennemi ». Les encyclopédies laïques (auxquelles notre génération ne peut se fier sur les questions liées au judaïsme) dissimulent ce fait aux lecteurs gentils. Celle qui se trouve actuellement devant moi, par exemple, dit : « Le Talmud a été par moments accusé par les chrétiens - très injustement - d’être anti-chrétien ». L’insertion de ces deux termes suggestifs [« anti-chrétien » – NdT] par quelque scribe partisan,

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fait que ce volume fournit une contrevérité démontrable, et transforme une déclaration factuelle en propagande. C’est l’attaque du christianisme qui donna au Talmud son ton caractéristique, et c’est en fait la seule nouveauté du Talmud. Son autre enseignement reste celui d’Ézéchiel et des pharisiens.

L’Encyclopaedia Juive
dit: «C’est dans la tendance des légendes juives du Talmud, des Midrash » (les sermons à la synagogue), « et de la Vie de Jésus Christ (Toledoth Jeshua) qui émergèrent au Moyen Âge, de rabaisser la personne de Jésus en lui attribuant une naissance illégitime, de la magie et une mort honteuse ». On fait généralement allusionà lui comme « cet anonyme », « menteur », « imposteur » ou« bâtard » (l’attribution de la bâtardise est destinée à le faire tomber sous le coup de la Loi telle que stipulée dans le Deutéronome 23.2:« Un bâtard n’entrera point dans l’assemblée du Seigneur »). Mentionner le nom de Jésus est défendu dans les maisonnées juives.

L’oeuvre citée par l’Encyclopaedia Juive comme ayant « émergé au Moyen Âge » n’est pas seulement la mémoire déshonorante d’un passé ancien, comme cette allusion pourrait le suggérer ; elle est utilisée dans les écoles hébraïques de nos jours. C’était une production rabbinique de la période talmudique, et elle répétait tous les rituels de moquerie du Calvaire lui-même sous une forme différente. Jésus y est décrit comme le fils illégitime de Marie, la femme d’un coiffeur, et d’un soldat romain du nom de Panthéra. Jésus lui-même est appelé par un nom que l’on pourrait traduire par « Joey Virgo»4. On le montre comme étant amené en Égypte par son beau-père et y apprenant la sorcellerie.

Ce qui est significatif à propos de cette fausse biographie (les seules informations sur Jésus que les juifs étaient censés lire) est que Jésus n’y est pas crucifié par les Romains. Après son apparition à Jérusalem et son arrestation là-bas comme agitateur et sorcier, il est livré au Sanhédrin et passe quarante jours au pilori avant d’être lapidé et pendu à la Fête de la Pâque ; cette façon de mourir exécute parfaitement la Loi établie dans le Deutéronome 21.22 et 17.5, tandis que la crucifixion n’aurait pas été conforme à cette Loi judaïque. Le livre déclare ensuite qu’il souffre en enfer de la torture de la boue en ébullition.

Le Talmud se réfère aussi à Jésus comme « Bouffon », « sorcier », « impie », «idolâtre», « chien », « enfant de la luxure », et ainsi de suite; les effets de cet enseignement, sur une période de plusieurs siècles, sont montrés dans le livre du juif espagnol Moïse de Léon, réimprimé en 1880, qui parle de Jésus comme d’un « chien mort » qui gît « enterré sous un tas de fumier ». Les textes hébreux originaux de ces allusions

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talmudiques apparaissent dans le Jesus Christus im Talmud de Laible. Cet érudit raconte que durant la période des talmudistes, la haine de Jésus devint « le trait le plus national du judaïsme », qu’ « à l’approche du christianisme, les juifs furent de temps à autre saisis d’une fureur et d’une haine qui relevaient de la folie », que « la haine et le mépris des juifs furent toujours dirigés en premier contre la personne de Jésus », et que « la haine des juifs envers Jésus est un fait fermementétabli, mais ils veulent le montrer aussi peu que possible ».

Ce désir de dissimuler au monde extérieur ce qui était enseigné derrière la clôture talmudique mena au cours du XVIIe siècle à la censure des passages susmentionnés. La connaissance du Talmud devenait alors assez répandue (il fut fréquemment dénoncé par les juifs protestataires), et l’embarras ainsi causé aux sages talmudiques mena au décret suivant (cité dans l’hébreu original et traduit par P.L.B. Drach, qui fut élevé dans une école talmudique et se convertit plus tard au christianisme):

«C’est pourquoi nous vous enjoignons, sous peine d’excommunication majeure, à ne rien imprimer dans les éditions futures, que ce soit de la Mishna ou de la Gémara, qui se rapporte en bien ou en mal aux actes de Jésus le Nazaréen, et à y substituer à la place une directive telle que celle-ci : Ô, qui avertira les rabbins et les maîtres d’école d’enseigner aux jeunes ces passages uniquement de vive voix. Au moyen de cette précaution, les savants parmi les Nazaréens n’auront plus aucun prétexte pour nous attaquer sur ce sujet».

(Extrait du décret du Synode judaïste, qui se réunit en Pologne en 1631. À l’heure actuelle, où les investigations publiques (ou leur objection) concernant de telles questions ont été quasiment interdites par les gouvernements gentils, ces passages, d’après ce qu’on rapporte, ont été réintroduits dans les éditions hébraïques du Talmud).

Cette diffamation du fondateur d’une autre religion distingue le judaïsme des autres croyances, et distingue le Talmud des autres littératures publiées au nom de la religion. Les musulmans, les bouddhistes, les confucianistes, les chrétiens et les autres ne haïssent pas les autres croyances ou leurs fondateurs en tant que tels. Ils se contentent de diverger et de croire que les chemins se rencontreront peut-être un jour, Dieu décidant du lieu de la rencontre.

Par exemple, le Coran décrit Jésus comme « fortifié par l’Esprit Saint », et reproche aux juifs de rejeter « l’Apôtre de Dieu », à qui fut donné « l’Évangile avec sa guidance et sa lumière ». De sa mère, le Coran dit : « Ô Marie ! En vérité Dieu t’a choisie et purifiée, et t’a choisie entre toutes les femmes de ce monde », et : « Jésus, le fils de Marie, illustre ici-bas et dans l’autre monde, l’un de ceux qui peuvent approcher Dieu».

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Le message central du Talmud, la « nouvelle Loi » la plus récente, est clair : il développa la Loi spécifiquement pour l’appliquer au christianisme, et ne laissa aucun doute sur le devoir d’un juif envers ce dernier.

Un autre motif pour ce nouveau compendium fut le problème poséà la secte interne par le fait que les gentils avaient trouvé dans la traduction de la Torah beaucoup de choses qui leur parlaient (malgré le fait évident que cela était dirigé mortellement contre eux). Les anciens scribes lévitiques n’avaient pu prévoir cela (car ils n’avaient pu prévoir la traduction elle-même). La secte dirigeante avait besoin d’une nouvelle Loi propre, dans laquelle les « étrangers » ne pourraient mettre leur nez, et elle avait besoin de faire comprendre aux juifs que, même si les païens avaient de manière inexplicable attaché la Loi racialo-religieuse à la Bible chrétienne, cette Loi était néanmoins toujours la Loi des juifs seuls, et elle était inexorablement en vigueur.

Donc, le Talmud entreprit d’élargir la brèche et de réhausser la barrière entre les juifs et les autres. Un exemple du langage différent que la Torah employait, pour les juifs et pour les gentils, a été donné précédemment : l’allusion obscure et apparemment inoffensive à « une nation insensée » (le Deutéronome, 32.21). D’après l’article sur la Discrimination envers les gentils dans l’Encyclopaedia Juive, l’allusion dans l’original hébreu est faite aux « infâmes et vicieux gentils », si bien que juifs et gentils reçurent des significations très différentes du même passage dans l’original et dans la traduction. Cependant, le Talmud, qui ne devait atteindre que des yeux juifs, supprima tout doute qui aurait pu survenir dans les esprits juifs en parcourant la traduction plus modérée ; il relia particulièrement le passage du Deutéronome à celui d’Ézéchiel, 23.20, et par ce fait définit les gentils comme ceux « dont la chair est comme celle des ânes et dont l’approche comme celle des chevaux »! Dans cet esprit était « l’interprétation » de La Loi continuée par les talmudistes.

Les décrets talmudiques allaient tous dans le même sens. La Loi (stipulait le Talmud) autorisait la restitution d’un article perdu à son propriétaire si c’était « un frère ou un prochain », mais pas si c’était un gentil. L’incinération des livres (gentils) était recommandée (l’incinération des livres est une invention talmudique, comme la chasse aux sorcières prescrite par la Torah). La bénédiction : « Béni sois Tu… qui ne m’as pas fait goy » devait être récitée quotidiennement. Les éclipses étaient de mauvais augure seulement pour les gentils. Le rabbin Lévi posa que l’injonction à ne pas se venger (Lévitique 19.18) ne s’appliquait pas aux gentils, et invoqua apparemment Ecclésiaste 8.4 pour supporter son jugement (une interprétation discriminatoire étant alors donnée à un passage dans lequel le gentil ne pouvait suspecter une telle intention).

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Le juif qui vend à un gentil un bien foncier attenant au terrain d’un autre juif doit être excommunié. Un gentil ne peut être tenu pour témoin fiable dans une action criminelle ou civile, parce qu’on ne pourrait pas compter sur lui pour tenir parole comme un juif. Un juif témoignant à une cour gentile subalterne en tant que témoin unique contre un juif doit être excommunié. L’adultère commis avec une femme non-juive n’est pas un adultère, « car les païens n’ont pas de femme mariée légalement, elles ne sont pas vraiment leurs femmes ». Les gentils sont en tant que tels exclus de l’admission à un monde futur.

Et enfin, l’interprétation talmudique du commandement moral originel, « Tu aimeras l’Éternel ton Dieu de tout ton coeur », est que « l’homme se consacrera à l’étude de l’Écriture sainte et de la Mishna, et aura des relations avec des hommes savants et sages ». En d’autres termes, l’homme qui prouve le mieux son amour de Dieu est celui quiétudie le Talmud et fuit son semblable gentil.

Un aperçu illustratif contemporain est parfois le meilleur exemple pour montrer l’effet produit sur les esprits humains par des siècles d’autorité talmudique. En 1952, un certain M. Frank Chodorov publia cette anecdote : « Une nuit très froide, le rabbin entra chez nous en chancelant, dans un état pitoyable ; il fallut une demi-douzaine de verres de thé bouillant pour le décongeler. Il raconta alors comment un sympathique goy lui avait offert une paire de gants, et pourquoi il avait refusé ce cadeau ; un juif ne doit pas être l’instrument susceptible d’amener une mitvah, ou bénédiction, sur un non-croyant. Ce fut la première fois, je crois, que je tombai en plein sur la doctrine du“peuple élu”, et elle me parut stupide et mesquine ».

Voilà pour la « clôture » que le Talmud éleva entre les juifs et l’humanité, et pour le sentiment de mépris et de haine qu’il entreprit d’instiller chez les juifs envers les « étrangers ». Que fit-il aux juifs euxmêmes? Sur ce sujet, l’Encyclopaedia Juive dit : « Les talmudistes transformèrent la Torah en code pénal ». Pour une fois, dans cet ouvrage minutieusement exact, le sens n’est pas très clair ; la Torah était déjà un code pénal (comme la lecture contemporaine de cette dernière le montre), et ses peines avaient parfois été appliquées (par Esdras et Néhémie, contre les juifs ; et d’ailleurs aussi par les Romains, sur l’ordre du Sanhédrin, contre le « prophète et rêveur de rêves », Jésus). Il est possible que la signification soit que, sous les talmudistes, le code pénal fut régulièrement appliqué, et ses clauses renforcées.

Ceci est certainement vrai ; la pratique rabbinique, citée précédemment, d’ « encourager le lynchage en tant que mesure préventive extra-judiciaire », parce que les talmudistes n’étaient pas autorisés par les gouvernements d’accueil à prononcer la peine de

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mort, montre à quel point le Talmud pouvait être appliqué dans le réel en tant que « code pénal ». Il y avait une grande distance entre les quelques commandements moraux de la tradition lointaine et les lois et régulations innombrables du Talmud, qui interdisaient souvent la conduite morale, et assignaient des châtiments drastiques pour les« transgressions ». L’observation de ces lois, et non la conduite morale, demeurait la base.

La Loi talmudique gouvernait chaque action imaginable de la vie d’un juif, n’importe où dans le monde : mariage, divorce, constitution de biens, transactions commerciales, jusqu’aux détails les plus insignifiants de l’habillement et de la toilette. Comme des choses imprévues surviennent souvent dans la vie quotidienne, la question de ce qui était légal ou illégal (non de ce qui était bien ou mal) dans toutes sortes de circonstances originales devait constamment être débattue, et cela produisit les énormes archives de débats et de décisions rabbiniques dont le Talmud abonde.

Était-ce un crime équivalent d’écraser une puce ou de tuer un chameau le jour saint ? Tel rabbin savant autorisait que la puce soit pressée avec douceur, et tel autre pensait que l’on pouvait même lui couper les pattes. Combien de poils blancs une vache rousse sacrificielle pouvait-elle avoir et rester quand-même une vache rousse? Quelles sortes de croûtes nécessitaient-elles ce rituel-ci ou ce rituel-là de purification? À quelle extrémité d’un animal l’opération d’abattage devait-elle être accomplie? Le Grand prêtre devait-il mettre d’abord sa chemise ou ses bas ? Les méthodes de mise à mort des apostats étaient débattues ; ils doivent être étranglés, disaient les sages, jusqu’à ce qu’ils ouvrent la bouche, dans laquelle du plomb bouillant devait être versé. Là-dessus, un pieux rabbin recommandait vivement que la bouche de la victime soit maintenue ouverte avec des pinces afin qu’il ne suffoque pas avant que le plomb fondu n’entre et ne consume son âme et son corps. Le mot « pieux » n’est pas ici utilisé de manière sardonique ; cet érudit cherchait à découvrir l’intention précise de « la Loi » .

Le Dr Johnson était-il familier, ou bien ignorant du Talmud? Le sujet pourrait se révéler fascinant pour un cercle de débats littéraires.

Il donna le coup de grâce à un argument en déclarant : « Il n’y a pas à régler la question de la priorité entre un pou et une puce ». Cette question précise avait été discutée, et réglée, par les érudits talmudiques. Pouvait-on tuer un pou ou une puce pendant le Sabbat? La réponse talmudique fut que l’on était autorisé à tuer le premier, et que tuer la seconde était un péché mortel.

« Le Talmud devint l’enveloppe incassable autour d’un grain déterminé à survivre ; il enferma le coeur du juif avec une spiritualité qui, bien que froide comme de la glace, était forte comme de l’acier

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pour le protéger… Le Talmud, qu’ils emportaient partout avec eux, devint leur maison ». Une maison faite de glace et d’acier, enclose et entourée de murs, avec toutes les fenêtres obturées et les portes barrées ; l’image est du Dr Kastein.

Dans cette maison, les juifs, « en raison de l’acceptation de l’idée de Peuple élu et de salut… ne pouvaient interpréter tout ce qui arrivait que du point de vue d’eux-mêmes en tant que centre ». La planète flottait dans l’espace, parmi les myriades d’étoiles, uniquement pour les introniser sur un tas d’or, dans un Temple encerclé par les païens morts ; « la Loi leva une barrière insurmontable contre le monde extérieur ».

Nul juif, hormis un érudit talmudique, ne pourrait connaître tout cet immense compendium. Probablement nul gentil ne pourrait accéder à une version non éditée. Il faudrait une académie de spécialistes et une vie entière de travail pour comparer les traductions aux originaux, si on rendait ceux-ci disponibles. Jusqu’à récemment, de nombreux chercheurs trouvaient que le manque de traductions était significatif, mais le présent auteur ne peut considérer cela comme étant important. On en sait suffisamment sur le Talmud (et pour la plupart, par des sources juives ou converties au judaïsme) pour que sa nature soit claire, et on ne gagne rien à entasser preuve sur preuve indéfiniment. On peut obtenir un éclairage solide avec l’Encyclopaedia Juive, la traduction allemande des Talmud de Jérusalem et de Babylone (Zurich 1880 et Leipzig 1889), Der alte und der neue Glaube im Judentum de William Ruben, Einleitung in den Talmud de Strack, Jesus Christus im Talmud de Laible, De l’Harmonie entre l’Église et la Synagogue de Drach, et L’Histoire des Juifs de Graetz.

Il est admis que le Talmud est une création humaine. La Torah fut attribuée à la voix de Jéhovah, rapportée par Moïse. Cela est d’une grande portée significative.

La raison de cette différence est évidente : les manuscrits mosaïques « recouverts par la poussière des siècles » ne pouvaient être indéfiniment découverts. Les scribes devaient accepter leur responsabilité, en déclarant simplement qu’ainsi, ils utilisaient le pouvoir absolu d’interprétation donné « oralement » au premier de leur lignée. Ainsi, ils révélaient la vérité : qu’Ils, et personne d’autre, étaient Dieu!

Le Dr Kastein avait raison en disant : « Ce n’était pas Dieu qui voulait ce peuple et ce qu’il signifiait. C’était ce peuple qui voulait ce Dieu et cette signification », ou il aurait eu raison s’il avait dit, « ces scribes » au lieu de « ce peuple ». L’ancienne génération des scribes avait voulu la révélation faite dans le Deutéronome ; la plus récente voulait le Dieu talmudique et exigeait que « ce peuple » accepte le

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Talmud en tant que continuation de la révélation « voulue » antérieurement.

Quand le Talmud fut achevé, la question à laquelle l’avenir dut répondre fut de savoit si la secte centrale réussirait à imposer cette nouvelle Loi aux juifs dispersés – de la même manière qu’Esdras et Néhémie, avec l’aide des Perses, avaient imposé la Nouvelle Alliance aux Judaïtes de Jérusalem, en 444 av. J.-C.

Elle réussit. En 1898, au second Congrès sioniste international à Bâle, un sioniste de Russie, le Dr Mandelstamm, de Kiev, déclara:

« Les juifs rejettent énergiquement l’idée de fusion avec les autres nationalités et s’accrochent fermement à leur espoir historique, c.-à-d. celui de l’empire mondial ».

Le XXe siècle est actuellement témoin de la tentative d’accomplir cet espoir. C’est probablement l’institution du ghetto qui aida le plus les talmudistes dans cette réussite.

Au XXe siècle, les masses ont été induites en erreur en imaginant le « ghetto » comme une sorte de camp de concentration pour juifs, mis en place par les persécuteurs gentils. La même exploitation des faits aété pratiquée envers l’histoire entière de l’oppression en Occident ; au XXe siècle, tout le reste a été expurgé, jusqu’à ce que ne subsiste que ce qui est présenté comme « la persécution juive ».

Les nombreuses persécutions des hommes durant les derniers 1900 ans concernèrent les juifs proportionnellement à leur nombre, si bien que leur part sur la masse totale de souffrance fut petite (dans le cas le plus notoire de notre siècle - celui de la Russie - ils furent les oppresseurs, non les opprimés). Je ne sais pas si j’aurais jamais obtenu cette information, si ma propre expérience ne m’y avait confronté si nettement.

Le ghetto n’était pas quelque chose d’infligé aux juifs par les gentils. Il était le produit logique de la Loi talmudique, et dérivait directement de l’expérience de Babylone. Le Dr Kastein décrit le Talmud comme « le chez-soi » que les juifs emmenaient partout avec eux. Cependant, pour la vie matérielle, ils avaient aussi besoin de quatre murs et d’un toit. Le Talmud lui-même décrétait que les gentils n’étaient pas des « prochains », et qu’un juif n’avait pas le droit de vendre à un gentil un bien foncier attenant au terrain d’un juif. Le but délibéré de telles clauses était la ségrégation des juifs par rapport aux autres, et leur isolation dans des ghettos.

Le premier ghetto fut celui que les chefs babyloniens permirent aux Lévites d’installer à Babylone. Le suivant fut la Jérusalem autour de laquelle Néhémie, accompagné par les soldats du roi perse, construisit de nouveaux murs, d’où il chassa tous les non-judaïtes. À partir de ces modèles, le ghetto européen prit forme. Cette institution

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est probablement la partie plus pénible de l’héritage spirituel du juif moderne:

«Le ghetto, ami, le ghetto, où tous les espoirs sont désintégrés dès la naissance».

Les juifs qui n’ont jamais vu de ghetto en portent une mémoire à demi-consciente en eux, comme une peur qui les hante ; pourtant, le ghetto était essentiellement une conception talmudiste, à laquelle leurs ancêtres s’étaient soumis. C’était le moyen parfait de regrouper une congrégation dispersée, d’emprisonner l’esprit des gens, et d’exercer le pouvoir sur eux.

La demande d’un ghetto vint souvent des talmudistes (c’est-à-dire en dehors de la Pologne, où toute existence juive était évidemment une existence de ghetto). La suggestion moderne que le ghetto signifiait l’infériorité fait partie de la légende de « persécution », dont le but est principalement d’intimider les juifs, afin qu’ils craignent toujours de s’aventurer à l’extérieur de la communauté ; le mythe actuel de« l’antisémitisme » est destiné à produire le même effet sur eux.

Dans l’ancienne Alexandrie (le New York de l’époque) et dans le Caire et le Cordoue médiévaux, les quartiers juifs furent établis sur l’insistance des rabbins, désireux de maintenir leur troupeau isolé des autres. En 1084, les juifs de Spire adressèrent une pétition au prince dirigeant allemand pour installer un ghetto ; en 1412, sur requête juive, une loi du ghetto fut promulguée au Portugal. L’érection des murs du ghetto à Vérone et à Mantoue fut célébrée chaque année pendant des siècles par les juifs de là-bas, durant une fête de la victoire (Pourim). Les ghettos de Russie et de Pologne furent une composante essentielle et intégrale de l’organisation talmudique, et toute tentative pour les abolir aurait été dénoncé comme persécution.

Quand le ghetto romain fut détruit sur ordre de Mussolini au début des années 1930, la presse juive (tel que le rapporta M. Bernard J. Brown) se lamenta sur l’événement en ces termes:

«Un des phénomènes les plus uniques de la vie juive en Goluth [en exil – NdT est terminé. Là où quelques mois seulement auparavant une vie juive animée palpitait, ne reste maintenant que quelques bâtiments à moitié détruits comme dernier vestige du ghetto d’autrefois. Il est devenu la victime de la rage fasciste contre la beauté, et sur ordre de Mussolini, le ghetto a été rasé… »

L’implication de ceci est que le rasement du ghetto était du« fascisme », tout comme la création originelle des ghettos (sur demande juive) est présentée comme une persécution par les historiens sionistes contemporains.

Avec l’émancipation, le ghetto disparut ; son maintien aurait montré de manière trop manifeste que les dirigeants de la

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communauté juive n’avaient aucune véritable intention de prendre part à l’émancipation comme les autres.

L’Encyclopaedia Juive
rapportait dans son édition de 1903 que« dans tout le monde civilisé, il n’y a maintenant pas un seul ghetto, au sens originel du mot. » Cette précision est importante, car dans de nombreux endroits et de nombreuses manières, les juifs poursuivent leur vie en communauté fermée, même s’il n’y a pas les murs caractéristiques, et la loi interdisant la vente sans autorisation de la terre d’un prochain à un gentil n’est pas tombée en désuétude (pour donner un exemple, illustratif pour ceux qui connaissent cette ville: par de telles méthodes, à Montréal, un quartier entier à l’est de la Montagne est devenu tout ce qu’il y a de plus juif, pratiquement comme si c’était un ghetto).

Le déclin du ghetto, au siècle de l’émancipation, était un coup porté au pilier principal du pouvoir talmudique. Un substitut devaitêtre trouvé, sous peine que le ghetto spirituel (en tant que distinct du ghetto matériel) se désagrège, et ce substitut fut trouvé dans le sionisme, qui est la nouvelle méthode destinée à regrouper à nouveau les communautés:

«Beaucoup désirent un contrôle plus grand des juifs par les juifs, et n’acceptent pas la dissolution de ce contrôle en Russie, où autrefois le ghetto rendait un tel contrôle facile et absolu » (le rabbin Elmer Berger). « Seuls les aveugles intellectuels ne peuvent remarquer que la promotion de la vie en groupe, centrée autour des anciennes cultures et traditions religieuses, est un retour au ghetto… Il ne peut y avoir aucune gloire dans un groupe de gens s’évertuant à perpétuer la vie de ghetto… Même une lecture superficielle de l’Histoire montre que le juif a construit ses propres ghettos» (M. Bernard J. Brown).

Le sionisme est la véritable renaissance du ghettoïsme, comme l’affirment ces deux autorités juives. Il est destiné à défaire le travail d’émancipation, à isoler à nouveau les juifs, et à leur réimposer en force la doctrine de la « séparation ». L’attrait chauvin de la conquête et de l’empire au Moyen-Orient est utilisé pour dissimuler la véritable signification du processus.

On peut voir la direction dans laquelle les juifs étaient en train d’évoluer avant que le sionisme n’entreprît de les capturer à nouveau, en examinant cette citation tiré d’un article sur L’Attitude du judaïsme moderne dans l’Encyclopaedia Juive, 1916:

«Le judaïsme moderne tel qu’inculqué au catéchisme et expliqué dans les déclarations des diverses conférences rabbiniques, et tel qu’interprété dans les sermons des rabbins modernes, est basé sur la reconnaissance de l’unité des races humaines ; la loi de vertu et de vérité étant suprême sur tous les hommes, sans distinction de race ou de croyance, et son accomplissement étant possible pour tous. La

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vertu n’est pas conditionnée par la naissance. Les gentils peuvent atteindre à une vertu aussi parfaite que les juifs… Dans les synagogues modernes, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 29) signifiait chaque être humain».

Beaucoup de choses ont changé depuis 1916, et en cette année 1955, ces mots ne sont que l’image de ce qui aurait pu être. Sans aucun doute, les rabbins continuent-ils individuellementà« interpréter leurs sermons » en ce sens, mais à moins qu’ils ne soient de l’étoffe dont sont faits les héros et les martyres, ils ne peuvent défier longtemps leurs congrégations, et ces dernières ont été ramenées des siècles en arrière par l’attrait du sionisme.

Les sionistes ont acquis un contrôle politique sur les gouvernements gentils tout comme sur les populations juives, si bien que ce que le protestataire individuel peut dire n’a que peu de poids.

Les sionistes ont restauré en force la Loi lévitique, dans ses interprétations pharisaïques et talmudiques. Leurs actes envers les autres dans le passé ont été, et à l’avenir seront, guidées par cela, et non par ce que « l’attitude du judaïsme moderne » était en 1916.

Le grand changement arriva en l’an 1917, qui suivit la publication des mots cités plus haut. La tradition du Talmud et des ghettos était encore trop forte, parmi les populations de la communauté juive, pour que « l’attitude du judaïsme moderne » l’emporte sur les sages fanatiques qui apparurent alors
.

 

4. Terme péjoratif, que l’on pourrait traduire par « le gars de la Vierge » - NdT (retournez)

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