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Chapitre 37
Les administrateurs,
les messies et les masses
Les deux règnes de douze ans débutèrent au milieu de scènes de
triomphe à Washington et Berlin, durant deux jours consécutifs (les 4
et 5 mars 1933) - ils devaient finir presque au même moment en 1945.
Aujourd’hui, un historien impartial aurait du mal à estimer quel règne
produisit la plus grande somme de souffrances humaines. Au début,
les deux hommes qui apparurent sur la scène centrale furent tous
deux acclamés comme des Messies. En Amérique, un certain rabbin
Rosenblum décrivit le président Roosevelt comme « un messager divin,
le bien-aimé de la destinée, le Messie de l’avenir de l’Amérique » ; ainsi
parla un flatteur politique, en des termes destinés à « persuader la
multitude ». En 1937, dans une Prague menacée par Hitler, une
connaissance juive me dit que son rabbin prêchait dans la synagogue
qu’Hitler était « le Messie juif » (un pieux aîné qui cherchait à
interpréter les événements en termes de prophétie lévitique). Tout au
long de ces années, les masses dans les deux pays (et à cet égard, en
Russie aussi) virent leur « dictateur président » particulier leur être
dépeint en de tels termes, ou en ceux de « Big Brother » [Grand Frère –
NdT], « Papa », « Oncle », « Leader Bien-aimé », ou d’ « Ami » au coin du
feu. Les antagonistes apparents, M. Roosevelt et Herr Hitler,
promouvaient tous deux, de façons différentes, « le principe
destructeur » dans ses trois formes reconnaissables : le communisme
révolutionnaire, le sionisme révolutionnaire et le « gouvernement
mondial d’ imposition de la paix » qui en résultait.
Le règne de M. Roosevelt débuta par une tromperie significative. Il
utilisait un fauteuil roulant, mais on ne permit jamais au public de le
voir, en chair et en os ou en photo, avant qu’il ne se mette debout
(avec de l’aide). Son infirmité était connue ; néanmoins, quelque
intelligence directrice décréta que l’on devait présenter à la multitude
la fausse image d’un homme robuste, et ce jusqu’à son dernier jour (et
même ensuite, car le sculpteur qui réalisa plus tard son monument à
Londres dut le représenter dans cette pose d’homme solide).
M. Roosevelt créa un précédent en faisant assermenter son
cabinet par la main d’un juif distingué, le juge Cardozo, un sioniste
engagé. En 1918, M. Roosevelt avait en effet cédé à M. Brandeis et au
rabbin Stephen Wise, par ces paroles découragées : « Utilisez mon nom
comme il vous plaira » ; à la suite de quoi, le rabbin Wise avait exigé
pour lui un poste de juge à la Cour suprême – fonction qu’il avait
reçue d’abord du gouverneur Al Smith de l’État de New York, et
ensuite du président Herbert Hoover. Ainsi, l’ombre de la « double
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allégeance » s’abattit-elle dès le départ sur l’administration de M.
Roosevelt (comme sur celle de M. Wilson, via la personne de M.
Brandeis).
M. Roosevelt, après l’interrègne républicain de 1921-1933, reprit
la politique de Wilson, et c’est dans cet esprit qu’il aborda le problème
majeur de l’avenir de l’Amérique à ce moment-là : à savoir, si les forces
représentées par l’importante immigration juive venant d’Europe de
l’Est, qui s’était produite durant les six décennies suivant la guerre de
Sécession, devaient ou non gouverner l’Amérique. Toutes les autorités
compétentes avaient observé, généralement avec un pressentiment, la
montée rapide de ce nouveau problème dans la vie américaine, et
avaient dépeint les effets de la transplantation sur le sol américain
d’une large population qui, sous ses directeurs religieux, avait rejeté le
concept de « melting-pot » et d’ « assimilation. » M. James Truslow
Adams le mentionna dans son Epic of America [l’épopée de l’Amérique –
NdT], et Rudyard Kipling, qui vivait en Nouvelle Angleterre dans les
années 1890, écrivit :
« Le pays se dépouillait de sa population habituelle et leurs places
n’avaient pas encore été prises par les survivants des décombres
d’Europe de l’Est… Les immigrants arrivaient dans les États à une
cadence d’environ un million de têtes par an… Quelque part à
l’arrière-plan, bien qu’il ne le sût pas, se trouvait l’Américain
“représentatif”, qui avait retracé ses origines sur trois ou quatre
générations et qui, ne contrôlant rien et n’influant sur rien, protestait
que… tous les éléments étrangers pourraient être assimilés, et le
seraient bientôt, à de “bons Américains”. Et pas une âme ne ne se
soucia de ce qu’il disait…
Ce qui me frappa… c’était le gaspillage et l’inefficacité apparents, face
à l’irruption étrangère, de tous les efforts indigènes de la génération
passée. Ce fut là que je commençai à me demander pour la première
fois si Abraham Lincoln n’avait pas tué trop “d’Américains”
autochtones pendant la guerre de Sécession, au bénéfice de leurs
partisans continentaux importés en hâte. C’est de l’hérésie noire,
mais depuis, j’ai rencontré des hommes et des femmes qui la
respiraient. Le plus faible des immigrants de l’ancien type avait été
passé au crible et salé par les longs voyages en bateau de cette
époque-là. Mais tout démarra vraiment à la fin des années soixante et
au début des années soixante-dix, quand des cargaisons humaines
purent être livrées avec toutes leurs imperfections en quinze jours ou
presque. Et un million d’Américains plus ou moins acclimatés avaient
été tués. »
Ce problème était seulement nouveau en Amérique ; c’était le
problème le plus vieux des annales de l’Histoire, et, comme ce récit l’a
montré, il s’était reproduit pays après pays, au cours des siècles,
391
chaque fois que l’immigration juive atteignait la proportion d’une
marée. Le Dr Weizmann en est témoin, car il l’évoque dans son récit de
l’assaut qu’il mena contre un fonctionnaire britannique, Sir William
Evans Gordon, qui se débattit avec ce problème en Angleterre, vingt
ans avant que celui-ci ne suscite l’inquiétude du Congrès des États-
Unis. En 1906, Sir William chercha à le résoudre par un projet de loi
sur les étrangers, l’Alien Bill (comme les 67e et 68e Congrès des Etats-
Unis, par des lois de quota). Le Dr Weizmann dit qu’en remplissant
son devoir, Sir William (comme le sénateur Pat McCarran et le
représentant Francis E. Walter en Amérique, dans les années 1950) en
vint à être « généralement considéré comme responsable de toutes les
difficultés placées sur la route des immigrants juifs vers l’Angleterre. » Le Dr Weizmann continue ensuite :
« Chaque fois que le nombre de juifs, quel que soit le pays, atteint le
point de saturation, ce pays réagit contre eux… L’Angleterre avait
atteint le point où elle pouvait ou voulait absorber tel nombre de
juifs, et pas plus… La réaction contre cela ne peut être considérée
comme de l’antisémitisme dans le sens ordinaire ou vulgaire du
terme ; c’est un événement à la fois social, économique et universel
concomitant à l’immigration juive, et nous ne pouvons nous en
affranchir. Sir William n’avait aucun préjugé antisémite particulier. Il
a agi… de la façon la plus bienveillante possible, dans les intérêts de
son pays… Selon son opninion, il était physiquement impossible à
l’Angleterre de réparer les torts que la Russie avait infligés à sa
population juive… Je suis assez convaincu qu’elle se serait opposée de
la même manière à l’afflux massif de n’importe quel élément
étranger ; mais, il se trouve qu’aucun autre élément étranger
n’insista pour être admis dans de telles proportions. » (Quarante ans
plus tard, le Dr Weizmann s’adressa de la même façon aux juifs
d’Amérique : « Certains pays peuvent digérer un certain nombre de
juifs ; une fois que l’on a passé ce nombre, quelque chose de radical
doit avoir lieu ; les juifs doivent partir. »)
Le Dr Weizmann présenta ainsi sobrement l’argument valable
contre l’immigration juive libre seulement parce qu’il parlait
principalement aux juifs, et martelait en eux l’argument talmudique
que les juifs ne peuvent pas être assimilés ; cet argument est essentiel
au sionisme, mais n’est pas vrai en soi. Les passages cités montrent
qu’en 1906, un homme d’autorité était encore capable de déclarer que
son pays ne pouvait pas réparer des « torts » censés avoir été infligés
aux juifs dans un autre pays, et que « les intérêts de son pays »
dirigeaient sa tâche. Dans les décennies suivantes, tous les élus
dictateurs d’Occident en firent une politique nationale pour remédier
aux torts supposés, faits par un tiers, au grand dam d’une quatrième
partie innocente. La dernière remarque du Dr Weizmann, dans l’extrait
cité au-dessus, montre l’absurdité affirmant que quand le nombre de
juifs digérables est dépassé dans n’importe quel pays « quelque chose
392
de radical doit avoir lieu ; les juifs doivent partir. » Lui et ses associés,
pendant un demi-siècle, avaient utilisé tout leur pouvoir en Amérique
pour gagner un accès libre pour les juifs, de sorte que, selon ses
propres mots, ils menaient délibérément les juifs d’Amérique au
désastre ; le temps viendra, si ce qu’il dit était vrai, où les
gouvernements des autres pays du monde seront sous pression
d’accepter de grands nombres de juifs venant d’Amérique à cause « des
torts » qu’on leur fait là-bas.
Tel était le contexte de la question dominante dans la vie
américaine quand M. Roosevelt devint président. Entre 1881 et 1920,
plus de trois millions d’immigrants venant de Russie, et légalement
enregistrés, entrèrent aux États-Unis, la plupart d’entre eux étant des
juifs. Selon le Bureau du recensement des Etats-Unis, le pays
contenait 230 000 juifs en 1877 et environ 4 500 000 en 1926. Seules
des « estimations » sont disponibles à tout moment eu égard à la
population juive, étant donné que les « aînés » s’opposent au
recensement réalisé par d’autres, et ces chiffres sont généralement
considérés comme ayant été largement sous-estimés. Dans la décennie
suivante, les chiffres échappèrent à toute vérification, principalement
par suite de changements dans la classification des immigrants
ordonnée par le président Roosevelt, et même les autorités
compétentes n’essaient pas d’évaluer le taux de l’immigration non
enregistrée et illégale (des observateurs compétents jugent que le
nombre total des juifs aux États-Unis tourne peut-être autour de dix
millions actuellement). En tout cas, la plus importante communauté
unique de juifs dans le monde se trouve aujourd’hui en République
américaine, y ayant été transplantée au cours des deux dernières
générations.
Proportionnellement à la population américaine totale, même
l’évaluation la plus haute n’atteindrait pas un dixième. En soi, c’est un
groupe relativement petit ; politiquement organisé pour faire pencher
l’équilibre des forces, il est d’une importance décisive. Ce problème fut
reconnu et le Comité sur l’immigration déclara au Congrès en 1921 :
« Les processus d’assimilation et d’amalgamation sont lents et
difficiles. Avec la population des parties brisées de l’Europe qui se
sont dirigées ici en nombres toujours plus croissants, pourquoi ne
pas vérifier péremptoirement le flot par cette mesure provisoire, et
essayer en attendant l’expérience unique et nouvelle d’imposer toutes
les lois sur l’immigration à nos statuts ? »
Une loi de quota adoptée alors limita le nombre de toute
nationalité pénétrant aux États-Unis à trois pour cent des personnes
nées à l’étranger possédant cette nationalité et résidant aux États-Unis
en 1910. Le Congrès suivant alla beaucoup plus loin que la déclaration
393
générale citée ci-dessus ; elle spécifia le danger, le même Comité rapportant :
« Si le principe de liberté individuelle, gardé par un gouvernement
constitutionnel et créé sur ce continent il y a presque un siècle et
demi, est de continuer, la tendance de base de notre population doit être maintenue et nos standards économiques préservés… Les
Américains n’admettent pas le droit d’un groupe étranger quel qu’il
soit… à dicter le caractère de notre législation. »
Les années qui suivirent alors montrèrent que la conséquence de
la présidence de M. Roosevelt serait de briser le principe exposé,
changer « la tendance de base », et permettre à « un groupe étranger » de dicter la politique nationale.
M. Roosevelt (comme M. Wilson, M. Lloyd George et le général
Smuts) fut manifestement choisi avant d’être élu. M. Howden dit que
M. House « choisit Roosevelt comme candidat naturel à la présidence
bien avant tout autre politicien responsable », le choisit comme
secrétaire adjoint à la Marine en 1913, et ensuite, au fil des années, le
prépara pour la présidence, s’attendant à gouverner à travers lui,
comme à travers le président Wilson. Puis, quelque chose tourna mal.
M. House était certain que le président Roosevelt lui rendrait visite,
mais se rendit alors compte que « certaines personnes ne veulent pas
que le président m’écoute ». Ces gens étaient manifestement trop forts,
car M. House fut abandonné sans aucune courtoisie, et disparaît de
l’histoire à ce moment-là (1933).
On ne peut qu’offrir une conjecture raisonnable concernant les
raisons. M. House, à soixante-quinze ans, regrettait le jeune Philip Dru de 1912, qui pensait que la Constitution américaine était « démodée et
grotesque », s’était emparé du pouvoir par la force, et avait ensuite
gouverné par décret extraordinaire. Il avait un nouvel ensemble d’idées
plus sobres et responsables prêtes pour M. Roosevelt et, depuis sa
relégation, il « observa [ensuite] avec interdiction » la concentration de
pouvoir irresponsable se trouvant entre les mains de M. Roosevelt. M.
House avait poussé le président Wilson, pour son premier acte majeur,
à écrire dans la Constitution américaine (comme Seizième
amendement) la mesure destructrice principale proposée dans le
Manifeste communiste de Karl Marx de 1848, « l’impôt sur le revenu
progressif », mais dans les années 1930, M. House fut alarmé par le
contrôle complètement non entravé du trésor public obtenu par son
second « Rockland ».
Vraisemblablement, alors, M. House fut écarté parce qu’il avait
reculé devant ses idées précédentes, car ces idées originales
gouvernèrent la politique de M. Roosevelt tout au long de ses douze
années à la présidence. Il soutint la révolution mondiale ; son premier
acte majeur de politique nationale fut de reconnaître le gouvernement
394
communiste, et, dans la guerre qui s’ensuivit, il reprit la politique de
House-Wilson de « soutien à tout ». Il soutint le sionisme
révolutionnaire. Finalement, il reprit l’ancienne l’idée de la « Ligue
d’imposition de la paix » et la réimposa à l’Occident sous un nouveau
nom, celui des « Nations unies. »
M. Roosevelt mit ainsi les idées de « Philip Dru » en pratique, de
façon plus étendue. À propos de M. Wilson à la génération précédente,
son secrétaire à l’Intérieur, M. Franklin K. Lane, avait dit, « Tout ce
que Philip Dru avait préconisé va arriver ; le président en revient à
Philip Dru, finalement ». Quant à M. Roosevelt, vingt ans plus tard, le
biographe de M. House (M. Howden) dit : « Il est impossible de
comparer la législation suggérée par Dru avec celle de M. Roosevelt et
ne pas être impressionné par leur similitude. »
Ceci est un exemple illustrant la transmission d’idées de
génération en génération, parmi un groupe dirigeant. Les idées de M.
House étaient celles « des révolutionnaires de 1848 », qui provenaient à
leur tour de Weishaupt et des révolutionnaires de 1789, qui les
tenaient de quelque source précédente. Quand M. House les
abandonna, elles furent transmises sans accroc au groupe dirigeant
qui entourait un autre président, et l’homme même qui avait modifié
ces idées fut laissé de côté.
M. House fut le seule perte au sein du cercle intérieur. M. Bernard
Baruch était conseiller de M. Roosevelt avant même que celui-ci ne
devienne président. Mme Eleanore Roosevelt rapporte que « M. Baruch
était un conseiller digne de confiance de mon mari, tant à Albany qu’à
Washington », c’est-à-dire au cours du mandat de quatre ans de M.
Roosevelt en tant que gouverneur de l’État de New York, avant sa
nomination présidentielle. Pendant cette période pré-présidentielle, M.
Roosevelt (selon un des biographes de M. Baruch, M. Morris V.
Rosenbloom), bien que l’Amérique eût désavoué la Société des Lations,
avait rédigé le plan d’un nouvel organisme qui devait s’appeler les
Nations unies. Le rabbin Stephen Wise et M. Brandeis - du groupe
précédent entourant le président Wilson - se regroupèrent autour du
président Roosevelt (les mesures antisémites d’Hitler en Allemagne à
cette période ravivèrent le désir de M. Brandeis de chasser les Arabes
de Palestine).
Dès le début des douze années de M. Roosevelt, il est possible que
quelque doute ait surgi concernant sa docilité, et que des moyens aient
été trouvés pour s’en assurer (le lecteur se rappellera la tentative de
« Rockland » d’affirmer son indépendance en 1912, et l’allégresse des
« conspirateurs jubilant » devant sa capitulation). Cela expliquerait le
fait curieux que le rabbin Stephen Wise, qui avait fait campagne pour
M. Roosevelt comme sénateur en 1914, et comme gouverneur de l’État
de New York en 1928, ne le soutint pas pour la présidence en 1932.
395
Quelque chose se produisit alors qui rassura le rabbin, car
immédiatement après l’élection de M. Roosevelt, il proclama que le
nouveau président avait « regagné mon admiration sans bornes », et en
1935, il était redevenu un intime à la Maison Blanche.
À la lumière de l’expérience antérieure, l’identité des hommes
entourant le président Roosevelt indiquaient clairement la politique
qu’il poursuivrait. Il rendit cela plus clair en élargissant le cercle de ses
conseillers juifs. En 1933, cela prit une nouvelle signification. En
1913, les conseillers juifs du président Wilson furent publiquement
acceptés en tant qu’Américains, comme n’importe quels autres
Américains, et simplement de religion juive. En 1933, la question de
leur allégeance avait été soulevée par l’aventure sioniste en Palestine.
De plus, les questions de la révolution mondiale et de gouvernement
mondial avaient surgi depuis 1913, et ces deux questions projetèrent
aussi la question de l’intérêt national américain, si bien que que les
sentiments entretenus à leur égard dans le cercle immédiat du
président devinrent une affaire de première importance.
Tout cela prêta une signification spécifique à la déclaration
précédente du Congrès (1924), niant le droit « d’un groupe étranger
quel qu’il soit… à dicter le caractère de notre législation ». Parmi les
« conseillers » présidentiels, plusieurs étaient de naissance étrangère
ou devinrent « étrangers » dans les faits, de par leur dévotion au
sionisme ou leur attitude envers la révolution mondiale et le
gouvernement mondial. Dans ce sens, un « groupe étranger »,
incarnant l’immigration massive des cent années précédentes, se
forma autour du président américain et « dirigea » le cours des
événements. Les douze ans qui suivirent montrèrent que tout
« conseil » mis en pratique par le président devait être à l’avantage du
principe destructeur dans ses trois formes associées : communisme,
sionisme, gouvernement mondial.
Éminent parmi ses conseillers (en plus des trois hommes
puissants nommés ci-dessus) se trouvait le professeur viennois Felix
Frankfurter. Le biographe de M. House, M. Howden, qui exprime l’avis
de M. House, pense qu’il était le plus puissant de tous : « Le professeur
Frankfurter était le double de M. Roosevelt, plus que tout autre… le
que M. House avait joué pour le président Wilson. » Le rôle joué par
des conseillers officieux est toujours difficile à déterminer, et cet avis
pourrait placer le professeur Frankfurter trop haut dans la hiérarchie.
Cependant, il était sans aucun doute important (lui aussi pénétra
d’abord dans le cercle consultatif sous M. Wilson).
Comme M. Brandeis et M. Cardozo, il devint juge à la Cour
suprême et n’apparut jamais ouvertement dans la politique
américaine ; pourtant, les effets de son influence sont plus évidents à
retracer que ceux d’autres hommes, qu’on doit chercher profondément.
396
Il était le directeur de la faculté de droit de Harvard pendant les
années 1930, et à ce titre, forma une génération entière de jeunes
hommes qui devaient donner une forme définie aux événements des
années 1940 et 1950. Par la suite, ils reçurent une préférence
marquée pour des postes élevés, au cours de leurs carrières.
Ils comprenaient en particulier M. Alger Hiss, qui par procès et
condamnation fut exposé comme un agent communiste, bien qu’il fût
un haut « conseiller » du président Roosevelt (le juge Frankfurter
apparut volontairement au procès pour témoigner du caractère de M.
Hiss), M. Dean Acheson, qui en tant que secrétaire d’État américain à
cette période, déclara qu’il « ne tournerait pas le dos » à M. Hiss, ainsi
que d’autres. M. Hiss joua un rôle important à la Conférence de Yalta,
où l’abandon de la moitié de l’Europe aux mains de la révolution fut
décidée ; la période de M. Acheson au gouvernement coïncida avec
l’abandon de la Chine à la révolution.
À part ce groupe distinct de jeunes hommes apparemment formés,
pendant les premières années de fonction du président Roosevelt, pour
reprendre le département d’État, le président fut accompagné au plus
haut niveau par un groupe de conseillers juifs. M. Henry Morgenthau
junior (un sioniste majeur, dont le « Plan Morgenthau » de 1944 fut la
base originale du partage en deux de l’Europe en 1945) fut son
ministre des Finances pendant onze des douze années. D’autres
associés intimes étaient le sénateur Herbert Lehman (un autre sioniste
majeur qui prit une grande part à la promotion du « deuxième exode »
de l’Europe en 1945-1946, qui mena à la guerre en Palestine), le juge
Samuel Rosenmann (un résident hôte de la Maison Blanche, qui aidait
à écrire les discours de M. Roosevelt), M. David Niles (de parentée
russe, et pendant de nombreuses années « le conseiller sur les affaires
juives » de M. Roosevelt et de son successeur), M. Benjamin Cohen (un
auteur de la Déclaration Balfour en 1917, et un autre sioniste
important), et trois juifs de Russie, Messieurs Sidney Hillman, Isador
Lubin et Léo Pasvolsky.
Ces noms principaux, de l’entourage personnel du président, ne
représentent que le pinacle d’un édifice qui fut installé autour de toute
la vie politique américaine. Cette croissance soudaine d’influence juive,
dans les coulisses du pouvoir, n’était manifestement pas un
phénomène naturel spontané. La sélection était discriminatoire ; les
juifs antisionistes, anti-révolutionnaires et « anti-gouvernement
mondial » en étaient exclus. La formation de cette « garde de palais » était impopulaire, mais les conseillers officieux sont difficiles à
attaquer sur des points spécifiques, et M. Roosevelt ignora toutes les
protestations et, ainsi escorté, commença sa présidence renouvelée
trois fois. Hitler apparut simultanément comme le symbole, à ce
moment, de la persécution juive mathématiquement récurrente, et
397
selon les calculs des conseillers du président Roosevelt, prit la place
occupée par « le tsar » vingt ans auparavant, selon les calculs des
conseillers de M. Wilson.
La longue durée de M. Roosevelt au pouvoir fut principalement
due du au plan-maître de M. House pour gagner les élections.
Conformément à cette stratégie d’appel intensif au vote « fluctuant »,
« la discrimination » devint le slogan principal. Elle fut soulevée au
nom des Noirs, qui furent utilisés comme un prétexte 32 ; et fut en fait
utilisée pour écraser l’objection à l’influence excessive du « groupe
étranger » représenté par la « garde de palais ». Couplé avec elle, était
l’appel aux pauvres sous forme de promesses de faire payer les riches.
Cette stratégie s’avéra si efficace que les républicains battirent en
retraite et commencèrent à rivaliser avec les démocrates pour la faveur
du « groupe étranger », qui était considéré comme l’arbitre des
élections. De cette façon, l’emprise secrète sur le pouvoir fut verrouillée
et l’électeur américain fut en fait privé de véritable choix entre les
partis. M. Roosevelt se fortifia par sa politique de « déficit de dépense »,
dont la théorie de base était que la quantité de dette publique était
sans importance, comme l’État la devait seulement à lui-même. À ce
stade, les Américains perdirent et n’ont depuis jamais regagné le
contrôle du trésor public, et l’occupant de la Maison Blanche est
devenu à même, d’un trait de plume, d’ordonner des dépenses qui
398
auraient à une époque précédente couvert les budgets annuels d’une
demi-douzaine d’États économes. M. Roosevelt acquit ces pouvoirs en
invoquant le besoin de vaincre « la Crise », et il provoqua l’Urgence
permanente dans laquelle son pays vit toujours.
Sa présidence suivit un dessein manifestement prédéterminé, et le
cours des événements dans le monde aurait bien pu être entièrement
différent si elle avait été plus courte. Cependant, le mécanisme caché était si efficace et l’emprise de ses mentors sur lui était si assurée, qu’il
fut maintenu en fonction par trois réélections. Une seule fois, sa
position permanente fut menacée d’interruption inattendue,
dangereuse pour ces plans.
Dans un État du Sud, la Louisiane, surgit un politicard du genre
de M. Roosevelt. M. Huey Long, un jeune démagogue au visage charnu
et aux cheveux bouclés, issu d’un foyer de pauvres péquenauds, devint
populaire (comme M. Wilson et M. Roosevelt) en attaquant « les
intérêts » (dans sa campagne, les intérêts pétroliers en général et la
Standard Oil en particulier). Idole des Blancs pauvres, il fut élu
gouverneur en 1928, et essaya immédiatement de se procurer de
l’argent pour construire des écoles en plaçant un impôt sur le pétrole,
sur quoi, à l’ouverture de la Législature de la Louisiane, un certain
rabbin Walter Peiser refusa d’invoquer une bénédiction, le traitant de
« gouverneur indigne. »
M. Long devint encore plus populaire et fut élu au Sénat des
États-Unis où (en mars 1935) il consacra « la grande partie » d’un
discours « à une attaque contre M. Bernard Baruch », en qui il voyait
apparemment le représentant suprême des « intérêts » (concernant la
seule accusation jamais faite contre M. Long, qui avait beaucoup
d’associés juifs, était celle qu’il était « antisémite »). M. Long devenait
une force dans le pays, et il écrivit un livre intitulé My First Week in the
White House [Ma Première Semaine à la Maison Blanche – NdT],
contenant les illustrations qui montraient M. Roosevelt, ressemblant
beaucoup au Roosevelt de Yalta, écoutant humblement la sagesse d’un
Huey Long vigoureux et exubérant.
Il avait l’intention de battre M. Roosevelt en le surpassant dans la
compétence particulière de M. Roosevelt : dépenses prodigues et
promesses prodigues. Il le fit d’une façon ingénieuse (il était
probablement plus rusé que M. Roosevelt). M. Long, avec son
programme « Partager la richesse » et « Chaque homme un roi »,
contrôla la machine politique en Louisiane. Quand l’argent de
Roosevelt commença à se déverser dans les États (pour des dépenses
concernant toutes sortes de « projets » de crise, et incidemment,
concernant les votes) M. Long le détourna calmement à ses propres
fins similaires. Il fit adopter par la Législature de la Louisiane une loi
interdisant aux autorités locales de recevoir tout argent de Washington
399
sans le consentement d’un Conseil d’État de Louisiane. Comme il
contrôlait ce conseil, il intercepta le flot de la corne d’abondance, et
l’argent fut dépensé pour augmenter sa force de vote, et non celle de
M. Roosevelt. Il fit avec l’argent public ce que M. Roosevelt faisait, mais
pour son propre compte politique.
En 1935, la deuxième campagne électorale de M. Roosevelt
pointait à l’horizon. Soudain, ses conseillers prirent conscience du fait
que M. Long était populaire bien au-delà de sa Louisiane natale ;
c’était une figure nationale. Le Comité national démocrate « fut
stupéfait quand un sondage secret révéla que Long pouvait réunir sur
une liste tierce entre trois et quatre millions de votes, et que son plan
Partager la Richesse avait entamé profondément la force démocrate
dans les États industriels et agricoles » (M. John T. Flynn).
Donc, M. Long, même s’il n’aurait pu devenir président à cette
période, aurait certainement pu empêcher la réélection de M.
Roosevelt, et la petite minorité dirigeante contemplait soudainement
un perturbateur de leur régime. Cependant, comme le dit M. Flynn :
« le destin était devenu démocrate, et il le resta » ; le 8 septembre 1935,
M. Long fut abattu dans le Capitole de la Louisiane par un jeune juif,
le Dr Carl Austin Weiss. On ne connaîtra jamais le mobile parce que le
Dr Weiss, qui aurait pu l’expliquer, fut tué par le garde du corps peu
rapide de M. Long. 33
L’effet politique était clair ; la réélection de M. Roosevelt était
assurée. La suggestion habituelle « d’un fou » fut transmise à l’opinion
publique, et divers autres mobiles, n’impliquant pas la folie, furent
aussi suggérés. Aucune enquête publique ne fut menée, comme dans
les cas d’autres assassinats politiques des cent dernières années, pour
lesquels l’enquête fut refusée ou écourtée. Des enquêtes telles que
celles qui ont été faites (par exemple, dans les cas du président
Lincoln, de l’archiduc François Ferdinand et du roi Alexandre de
Yougoslavie) n’ont jamais corroboré la théorie (toujours avancée) du
« fou » solitaire, mais ont révélé une organisation minutieuse et un
soutien puissant. L’élimination de M. Long détermina le pattern des
événements pendant une décennie, de sorte qu’elle fut aussi
importante dans ses effets que les meurtres d’hommes plus hautplacés.
M. Roosevelt fut réélu en 1936. Sa tâche assignée était
manifestement de re-impliquer son pays dans les « enchevêtrements
400
étrangers » de M. House et de M. Wilson, et, comme M. Wilson, il
promit d’élection en élection de maintenir le pays en-dehors de ces
derniers. Entre-temps, le tumulte à propos d’Hitler grandit, et, comme
je l’ai montré, sa persécution des hommes fut subtilement transformée
en « persécution des juifs ». M. Roosevelt, juste deux ans avant la
Seconde Guerre, fit une déclaration publique, quoique énigmatique,
qui, pour les initiés, était un engagement à impliquer son pays dans la
guerre, et à la faire principalement pour la cause représentée par sa
garde de palais. M. Wilson avait fait sa déclaration publique, contenant
sa menace contre la Russie, en décembre 1911, environ trois ans
avant la Première Guerre mondiale ; M. Roosevelt fit la sienne,
contenant sa menace contre l’Allemagne, en octobre 1937, environ
deux ans avant la Seconde Guerre mondiale. Les deux déclarations
sont implicitement identiques dans l’identification de la cause
américaine avec la cause juive dans sa représentation déformée par les
sionistes.
M. Roosevelt dit (le 5 octobre 1937) : « Que personne n’imagine que l’Amérique y échappera… que cet
hémisphère occidental ne sera pas attaqué… Quand une épidémie de
maladie physique commence à s’étendre, la communauté approuve et
se joint à une quarantaine des patients pour protéger la santé de la
communauté de la diffusion du désastre. »
Les personnes écrivant les discours présidentiels ne furent pas
assez énigmatiques à cette occasion. L’allusion à « se joindre à une
quarantaine » fut immédiatement comprise également par le public
comme une menace de guerre. Cela causa une telle consternation que
M. Roosevelt fut obligé, jusqu’au dernier moment même, quatre ans
plus tard, alors que l’Amérique était réellement impliquée dans la
guerre, de promettre « encore et encore » que « nous n’enverrons vos
fils dans aucune guerre étrangère. » (En octobre 1937, il savait
certainement que la guerre commencerait à l’automne 1939 ; à ce
moment-là, j’avais informé le Times, depuis Vienne, qu’Hitler et Goering
avaient dit cela, et il n’est pas possible que le président américain n’ait
pas été informé de façon aussi précise).
En 1937, la falsification de la présentation des nouvelles venant
d’Allemagne, qui fut décrite dans le dernier chapitre, se déroulait
depuis quatre ans. J’ai donné plusieurs cas, et j’en apporte un autre
ici. Le rabbin Stephen Wise raconte qu’immédiatement après la venue
d’Hitler au pouvoir, le Congrès juif américain débuta les mouvements
de boycott de l’Allemagne sur la base des « rapports câblés » venant
d’Allemagne et affirmant qu’ « un pogrom des juifs à l’échelle nationale»
401
était « en préparation» 34. Il mentionne ensuite négligemment que le
pogrom « rapporté » « n’eut pas lieu », mais le boycott, oui. 35
En commençant avec ce pogrom imaginaire à Berlin, la campagne
propagandiste en Amérique forma la base sur laquelle M. Roosevelt
appuya son discours sur la « quarantaine ». Les sionistes autour du
président n’étaient pas vraiment concernés par la souffrance des juifs ;
au contraire, elle était nécessaire à leur politique en Amérique et à
l’entreprise entière, et ils craignaient son allègement. En cela, ils
continuaient la politique des révolutionnaires talmudiques de la Russie
tsariste, qui allait jusqu’à l’assassinat pour empêcher l’émancipation
des juifs, comme on l’a montré.
Ainsi, le rabbin Wise rapporte que lui et ses compagnons sionistes
ne furent pas dissuadés par les protestations et appels urgents des
juifs en Allemagne à arrêter le boycott. La perspective d’un accord
entre Hitler et les juifs d’Allemagne, en effet, les épouvantait, et le
rabbin Wise informa ses associés de ses « deux craintes » à cet égard :
«… que nos frères juifs en Allemagne puissent se sentir incités ou
contraints à accepter un accord de paix ou un pacte qui pourrait
signifier une légère amélioration ou réduction de leurs maux… que le
régime nazi puisse décider d’empêcher certaines des conséquences
néfastes de son régime par un tel traitement palliatif des juifs, ce qui
désarmerait la protestation juive mondiale. » (Il décrit la deuxième
possibilité comme le danger « plus grave »).
Ainsi, ils craignaient que « la persécution » ne s’effondre ; les mots
sont spécifiques. Le rabbin Wise, à New York, préférait que les juifs en
Allemagne souffrent plutôt que de voir cela arriver : « Mourir aux
mains du nazisme est cruel ; survivre par sa grâce serait dix mille fois
402
pire. Nous survivrons au nazisme à moins que nous ne commettions le
péché inexpiable de marchandage ou de trafic avec lui pour sauver
quelques victimes juives » (1934, à la Conférence juive mondiale). « Nous rejetons d’emblée avec dédain et mépris toute proposition qui
assurerait la sécurité de quelques juifs par la honte de tous les juifs »
(1936). M. Brandeis, à Washington, était également résolu au martyr
en Allemagne : « Toute entente qui aboutit à la création d’un marché à
l’étranger pour les marchandises allemandes renforce Hitler…
Soulager ainsi la détresse économique d’Hitler afin de sauver par
l’émigration certains des juifs d’Allemagne serait une diplomatie
déplorable… » 36
Pour les sionistes en Amérique, le danger spectral d’une
réconciliation entre Hitler et les juifs devint des plus aigus en 1938. Le
général Smuts envoya alors en Allemagne son ministre de la Défense,
M. Oswald Pirow, pour soulager la tension sur la question juive, s’il le
pouvait. Le Premier ministre britannique, M. Neville Chamberlain,
accueilli bien la tentative ; il dit à M. Pirow que la pression de la
communauté juive internationale était un des obstacles principaux à
une compréhension anglo-allemande, et dit qu’on l’aiderait à résister à
cette pression (« la pression irrésistible » de Leon Pinsker) si Hitler
pouvait être incité à modérer sa mauvaise humeur.
M. Pirow se rendit alors en Allemagne. Il dit avoir fait une
proposition spécifique, qu’Hitler répondit favorablement, et qu’un
accord était en vue.
À cet instant précis, le destin intervint de nouveau, comme dans le
cas de M. Huey Long, du comte Stolypine, du tsar Alexandre II et
d’autres ; chaque fois qu’une chance de pacification apparaissait, le
destin intervenait. Un jeune juif abattit un diplomate allemand, Herr
von Rath, à Paris. Des émeutes suivirent en Allemagne, des
synagogues furent brûlées, et la mission de M. Pirow prit brusquement
fin. Aucune enquête sur le meurtre, ou toute organisation qui aurait
pu se trouver derrière cela, ne fut menée, ou si l’on en commença une,
403
elle ne produisit jamais aucun résultat informatif ; le rabbin Wise
présente l’image familière (trouvée aussi dans le roman de M. House)
du « jeune homme devenu à moitié fou », exaspéré au-delà de
l’endurance.
M. Roosevelt répondit immédiatement : « Les nouvelles
d’Allemagne des derniers jours passés ont profondément choqué
l’opinion publique aux États-Unis… je pouvais moi-même à peine croire
que de telles choses puissent arriver dans une civilisation du vingtième
siècle… J’ai demandé à notre ambassadeur à Berlin de revenir
immédiatement pour un rapport et une consultation. »
Ces mots faisaient référence à l’incendie des synagogues. (M.
Roosevelt ne fit pas de commentaire sur le meurtre) et la phrase
centrale est manifestement fausse, parce que M. Roosevelt, et tous ses
contemporains, avaient vu antérieurement la destruction arbitraire des
édifices religieux. Il est vrai que ce n’était pas des synagogues, mais M.
Roosevelt avait « vu » le dynamitage d’églises et de cathédrales
chrétiennes en Russie communiste, et en devenant président, s’était
empressé de reconnaître le gouvernement qui l’avait fait. De plus,
quand il fit cette déclaration, il venait d’envoyer un télégramme
approuvant cordialement la capitulation imposée de la
Tchécoslovaquie face à Hitler, et n’avait trouvé dans cet acte rien
d’inapproprié à la civilisation du XXe siècle. Ce fut le moment où
j’abandonnai mon poste, me sentant incapable de continuer dans le
journalisme à une époque où le mensonge était le maître « des
nouvelles ».
Les États-Unis furent impliqués de fait dans la Seconde Guerre
quand le président Roosevelt fit ces déclarations en 1937 et 1938, non
le jour de Pearl Harbor, et une ligne droite en partit, menant à sa
déclaration postérieure du 17 juillet 1942, où il promit implicitement
la vengeance contre l’Allemagne sur la seule cause de son traitement
des juifs ; les hommes qui l’incitèrent à cette menace publique
s’étaient véhémentement opposés depuis le début à toute réduction de
souffrance juive en Allemagne.
Le meurtre de von Rath à Paris fut le coup de feu de Sarajevo qui
démarra de fait la Seconde Guerre, tel que le révèle maintenant
l’écoulement fluide du temps. À la différence de M. Wilson, M.
Roosevelt ne crut jamais cru, en privé, qu’il garderait son pays neutre ;
en 1938, son mentor, M. Bernard Baruch, déclarait : « Nous allons
aplatir ce type, Hitler ; il ne va pas s’en sortir comme ça » (général
George C. Marshall). À moins que quelque changement n’arrive, et
aucun n’est encore prévisible, le président américain, dans n’importe
quelle troisième guerre, se retrouverait pris entre les mêmes tenailles
que ses prédécesseurs de 1914-1918 et 1939-1945.
404
Pendant ces six ans où « la guerre inutile » se tramait, j’observai la
scène turbulente et de plus en plus sombre, depuis Berlin, Vienne, et
toutes les grandes villes sur lesquelles la longue nuit devait bientôt
tomber : Prague et Budapest, Belgrade et Bucarest, Sofia et Varsovie.
Je suppose en avoir vu autant que n’importe quel homme, concernant
l’alimentation du four d’où le lingot, la guerre, sortit ; et d’autant plus
que je n’étais confiné à aucun pays ou faction, mais que je voyais
l’évolution de tous. Je connaissais le son des bravos dans le Stammkneipen des divisions d’assaut, la conversation furtive et amère
de leurs adversaires dans des logements privés, et le murmure nerveux
d’hommes en cavale, qui jetaient toujours un coup d’oeil par-dessus
leur épaule. Je vis le visage de la foule, ce dinosaure sans cavité
cérébrale, dans ses deux états d’esprit : celui enflammé d’espoir
illusoire (à Berlin) et celui aux joues creuses, aux yeux enfoncés de
désillusion désespérée (à Moscou). Je rencontrai la peur à chaque
niveau, du balayeur de rue au chef d’État ou de gouvernement ; je vis
la terreur dans ses deux villes-sièges .
Je connus ou rencontrai de nombreux hommes qui semblaientêtre puissants et soutenir des causes opposées, et pourtant, par leurs
actes, tous précipitèrent « la guerre inutile ». Je parlai avec Hitler,
Goering et Goebbels ; je déjeunai tranquillement au bord du lac de
Genève avec un Maxim Litvinoff potelé, un personnage typique du Café
des Exilés, et je me demandai ce qu’il connaissait de la Russie, lui qui
sur la Russie en savait si peu, bien qu’il fût ministre des Affaires
étrangères de ce pays communisé. Je vis Mussolini et Ramsay
MacDonald, un des Premiers ministres britanniques qui passa comme
une ombre fuyante durant ces années. Je parlai pendant de longues
heures avec Edouard Benesh dans le vieux château à Prague, avec des
chanceliers autrichiens et des Premiers ministres hongrois, avec des
rois et des politiciens balkaniques. J’allai observer la Société des
Nations, avec de grandes espérances alors (car j’étais toujours
inexpérimenté) et je fus repoussé par la manière indigne de ses débats,
par les pressions et le démarchage dans les coulisses, et par la foule de
parasites et d’intrigants qui y pénétraient de force ; je pense que l’on
trouverait peu d’enthousiastes pour les « Nations Unies » chez ceux qui
connaissaient la Société des Nations. Je me rendis à Moscou, comme
garde du corps journalistique d’un jeune ministre naissant nommé
Anthony Eden, et j’y vis un régime qui était le fac-similé du nationalsocialiste
en Allemagne dans chaque aspect majeur, excepté le statut
des juifs, qui me semblèrent être prédominants dans les positions-clefs
de l’ État soviétique.
Ce ne fut que confusion tourbillonnante, au centre de laquelle se
trouvait un fait évident : Hitler ferait la guerre à moins qu’on ne l’en
empêche, et cette guerre était proche, parce qu’on ne l’en empêcherait
pas. Il y eut un autre Premier ministre britannique, M. Stanley
405
Baldwin (une source d’ennuis pour les correspondants de presse en
Allemagne) qui refusa à ses concitoyens la vérité des intentions
guerrières d’Hitler parce que, comme il le dit plus tard, il aurait
« perdu l’élection » s’il l’avait dit. Si son successeur, M. Neville
Chamberlain, pensait qu’en continuant la politique d’encouragement
d’Hitler, il pourrait « guider » Hitler pour qu’il dirige sa guerre contre
les Soviétiques (je n’en ai aucune preuve, mais cela pouvait être le
calcul de M. Chamberlain), c’était au moins une politique, là où
auparavant, il n’y avait aucune politique du tout. Mais c’était une
politique erronée, car tous les observateurs qualifiés en Allemagne
prévirent que quand il frapperait, Hitler se joindrait à Staline pour
faire la guerre, au lieu de faire la guerre contre lui (je l’écrivit dans mes
livres d’avant-guerre).
Quand je fis l’expérience des deux premières invasions d’Hitler, de
l’Autriche et de la Tchécoslovaquie, je me rendis compte que le dernier
espoir de prévenir la guerre inutile était parti. J’avais l’impression de
vivre dans un monde de fou, ce qui explique le titre, Insanity Fair, que
je donnai au livre que j’écrivis à cette période. Tout ce que je voyais
alors, c’était un manque fou de politique. Dix-huit ans plus tard, à la
lumière de tout ce qui est arrivé et est devenu connu, la possibilité que
la guerre inutile ne fut pas considérée comme inutile dans tous les
milieux ne peut manifestement pas être écartée.
32. L'agitation à propos du sort du Noir américain, dont on entend tellement parler dans le monde extérieur, est maintenue, depuis New York, presque entièrement par les deux organisations principales juives de publicité (le Comité juif américain et la Ligue Anti- Diffamation, tous deux disposant de larges fonds) et l'Association nationale pour l'Avancement des Gens de Couleur [N.A.A.C.P.], qui dès son commencement fut en grande partie dirigée par des Juifs. Le Noir lui-même y joue un rôle passif. Son désir est celui de meilleures opportunités d'avancement à côté de la population blanche ; il ne désire pas se mélanger. L'énergie des organisations juives qui prétendent intercéder dans sa cause est entièrement dirigée vers un mélange obligatoire qu'aucune race ne désire. Ainsi, l'influence de ces groupes non-noirs fut-elle l'influence principale derrière le litige menant à la décision de la Cour suprême de 1955, qui considéra comme illégal le système existant d'école séparée, et ordonna son abolition et rendit les écoles mixtes obligatoires (ce jugement ne peut guère être mis en application dans le Sud sans guerre civile, et il fut suivi par divers épisodes violents, y compris l'utilisation de la Garde nationale et de chars pour imposer les écoles mixtes). Je fus capable à même de voir le budget du Comité juif américain pour 1953, dont les estimations étaient de 1 753 000 dollars. Cela dit, par rapport aux Noirs, « le statut des Juifs est plus garanti dans la plupart des domaines des droits civils et politiques que celui de certains autres groupes, particulièrement les Noirs. Mais tant qu'une menace réussie est posée à la jouissance de droits par les Noirs, les droits des Juifs sont dangereusement en jeu. En conséquence, une grande proportion de notre travail a été dirigée vers la garantie de l'égalisation plus grande d'opportunités pour de tels groupes, plutôt que pour nous... Un exemple de cela est notre relation avec le N.A.A.C.P., qui vient nous aider dans certaines questions où nous avons une compétence spéciale... Une arme fructueuse est l'action de la justice... Nous participons directement au litige... Nous avons présenté des dossiers attaquant la ségrégation... et avons préparé des dossiers contestant la discrimination envers les Noirs. » La Cour suprême est composée de préposés politiques, pas de juristes professionnels; c'est un facteur important dans ce qui pourrait évoluer en situation grave. (retournez)
33. M. Long avait prédit son assassinat en juillet, disant au Sénat que les ennemis avaient projeté sa mort, avec comme moyen « un homme, une arme et une balle ». Il dit qu'un dictaphone, caché dans une chambre d'hôtel de la Nouvelle Orléans où ses « ennemis » s'étaient réunis, avait enregistré cette conversation. Un auteur contemporain qui prétend avoir été présent à la réunion, M. Hodding Carter, dit : « Le “complot” se limita à des commentaires exprimés avec espoir, tels que : “Si seulement quelqu'un pouvait tuer ce...” ». (retournez)
34. Les nazis ont toujours prétendu que leur boycott juif d’un jour, 1er avril 1933, était en réponse à cette provocation venant de New York, et le livre du rabbin Wise de 1949 confirme ainsi leur déclaration.(retournez)
35. Le mot « pogrom » (un mot russe signifiant « massacre ») joue un rôle particulier dans cette propagande. Il s’applique à toute sorte de perturbation dans laquelle les Juifs sont impliqués et par insinuation, on lui a donné cette signification spécifique, quoique fausse, si bien que le lecteur occasionnel pourrait soupçonner une faute d'impression s'il devait lire quelque chose sur « un pogrom des Russes » (ou des Arabes). Le Dr Weizmann dit qu’il « il n'y a jamais eu de pogroms » dans sa campagne russe natale, mais utilise le mot continuellement, expliquant qu’ « il n'est pas nécessaire de vivre au milieu des pogroms pour savoir que le monde gentil est empoisonné ». En incitant un gouverneur militaire britannique de la Palestine à des mesures sévères contre des Arabes, le Dr Weizmann dit qu'il avait « ressenti un peu l'atmosphère qui précède les pogroms », bien que par sa propre déclaration précédente, il n'en eût aucune expérience. Il décrit comme un pogrom des désordres dans lesquels cinq ou six Juifs furent blessés, et comme « terrorisme arabe » les événements de 1938, dans lesquels 69 britanniques, 92 Juifs et 1500 Arabes furent tués. Un officier britannique distingué, Sir Adrian Carton de Wiart V.C., qui vivait en Pologne entre les deux guerres, dit : « la question juive semblait sans réponse... Les pogroms étaient censés avoir lieu selon la rumeur, mais j'ai considéré que les rumeurs avaient été extrêmement exagérées, car il n'y ait aucune preuve oculaire du massacre de milliers de Juifs ».(retournez)
36. En fait, ces sionistes étaient tout à fait prêts à « trafiquer avec les nazis » et à faire des accords financiers avec eux quand cela convenait à leur but. Sept ans plus tard, quand la Seconde Guerre était à son apogée, le rabbin Stephen Wise reçut une offre d' « un groupe de fonctionnaires nazis » pour permettre aux juifs d'aller de Pologne en Hongrie, contre paiement. Ces deux pays étaient occupés par l'Allemagne, si bien que l'avantage pour les Juifs concernés n’est pas apparent, et M. Wise devait avoir quelque motif secret (probablement lié à « l'exode » ultérieur en Palestine) de vouloir transférer des juifs depuis la Pologne occupée jusqu’en Hongrie occupée en temps de guerre, alors qu’il s'était opposé si violemment à leur libération d'Allemagne en temps de paix. Il exigea du président Roosevelt qu'il sorte des dollars en guise de pot-de-vin, pour qu'ils soient déposés sur le compte de ces nazis en Suisse, ce à quoi le président répondit « immédiatement » : « Pourquoi ne le faitesvous pas vous-même, Stephen ! » On donna alors des instructions à un autre sioniste en vue, M. Henry Morgenthau du Trésor, et, malgré les protestations du Département d'État et du ministère des Affaires étrangères britannique, l'argent fut transféré au bureau de Genève du Congrès juif mondial pour créditer les leaders nazis !(retournez)
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